Journal "Sud-Ouest - Combat d'infertiles (02/12/11)
Combat d'infertiles (Par Claire Burckel)
Amandine Forgali a retranscrit son marathon pour devenir mère dans un livre
«C'est un événement assez burlesque dans ma vie, j'avais peur d'oublier. Si j'avais envie d'écrire au départ, c'était juste pour moi », explique Amandine Forgali. La trentaine, une silhouette filiforme et un visage qui ne se départit jamais de son sourire, la jeune Gersoise est heureuse de la sortie de son livre intitulé « Un GPS pour la cigogne » (1). À la manière d'un journal intime, elle y confie ses péripéties et celles de « Chéri », son conjoint, pour avoir un enfant.
Amandine a 23 ans lorsque sonne son horloge biologique. « Chéri » partageant ce désir d'enfant, le couple abandonne la contraception et s'en remet aux lois de la nature. Un an s'écoule, puis deux et toujours pas d'heureux événement à l'horizon. Le couple s'élance alors dans un marathon des rendez-vous médicaux et des inquiétudes. Jusqu'à les mener au centre de procréation médicalement assistée (PMA), dans la région toulousaine, car il n'y en a aucun dans le Gers. Là, le verdict tombe : « Infertilité inexpliquée ».
« Ça ne veut pas dire que tout est normal, mais seulement que les moyens médicaux actuels ne permettent pas de voir ce qui cloche », se défend Amandine Forgali, qui s'est trop entendu répéter qu'il n'y avait pas de problème.
Les paroles maladroitesPlus que de la difficulté à concevoir un enfant, c'est du regard des autres qu'il est question dans son ouvrage frais et incisif. Les paroles maladroites de la famille, les copines qui ne comprennent pas, les « c'est dans ta tête » ou « dès que tu n'y penseras plus ça marchera » qui lui donnent de l'urticaire. « C'est très dur à expliquer aux gens, ils ne comprennent pas car, pour eux, c'est quand même la chose la plus simple au monde de faire un enfant », témoigne la jeune femme.
Sur son parcours du combattant pour être mère, elle s'est rendu compte de la complexité, encore aujourd'hui, à parler d'infertilité. « Dans certaines civilisations, lorsque les femmes n'arrivaient pas à avoir d'enfant, elles étaient bannies. Moi je me suis dit "En tant que femme, si je n'arrive pas à être mère, à quoi je sers ?", nous ne sommes pas toutes égales, mais pour moi c'était vraiment ça », raconte la jeune plume.
Tout au long de ces épreuves, elle a trouvé réconfort auprès de celles qu'elle nomme ses « copinautes », des femmes qui rencontrent les mêmes obstacles pour tomber enceinte et qui, du coup, échangent par Internet sur des forums. Une manière de parler sans être jugée, avec des comparses de galère qui offrent un soutien sans faille.
Finalement, après six tentatives d'insémination artificielle qui n'ont pas abouti, Amandine Forgali et son conjoint passent à la fécondation in vitro (FIV). Au fil des pages, on découvre la lourdeur du traitement, avec des hormones qui déforment le corps et une humeur des plus cyclothymiques. Par chance, la première FIV marche. Amandine et son conjoint sont aujourd'hui parents d'un petit Dimitri âgé de 3 ans. « Le médecin nous a dit que nous avions une chance sur un million de concevoir un enfant de manière naturelle », démontre Amandine Forgali, qui garde la dent dure contre tous ceux qui ont osé lui dire que « c'était dans sa tête ».
(1) « Un GPS pour la cigogne », d'Amandine Forgali, aux éditions Terriciaë. Pour la contacter : http://amandine-forgali.vip-blog.com
http://www.sudouest.fr/2011/12/02/combat-d-infertiles-569487-2277.php
Date de dernière mise à jour : 2021-07-05